OLAF BREUNING

Interview Christophe Ménager

« L’inspiration naît de situations simples et participatives avec des images que tout le monde peut comprendre et interpréter dans une première lecture ». O.B.

Créateur d’une réalité savamment orchestrée où se mêlent humour, couleur et fiction, l’artiste suisse Olaf Breuning nous livre une œuvre hétéroclite, protéiforme et terriblement déroutante.

Contribuant à densifier le réel ou à le complexifier, l’artiste nous soumet une multitude de propositions entre réalité et fiction, où des interrogations traversent notre esprit sans jamais trouver de réponses évidentes.

Génial metteur en scène, l’artiste articule son œuvre de manière subtile autour d’un langage simple et séduisant qui nous pousse petit à petit à remettre en cause notre perception du quotidien voire notre propre existence.

À l’occasion de ce numéro, nous n’avons donc pas manqué de lui poser quelques questions afin qu’il nous éclaire un peu plus sur son travail.

C’est depuis son atelier new-yorkais que l’artiste a accepté de se prêter au jeu d’une courte interview.

 

Olaf, pourriez-vous nous décrire en quelques mots votre travail ?

Plein de couleurs avec un sens de l’humour, drôle, noir…

D’où vient votre inspiration ? Est-elle différente selon la nature de vos projets ?

Bien sûr. Chaque repas que tu manges est différent et les projets le sont aussi. Mais finalement, c’est moi le chef et peut-être que tout a le même goût. Ma vie est ma source d’inspiration.

J’imagine donc que chacun de vos projets se construisent en fonction des circonstances, des lieux et de votre inspiration ?

Oui, je suis capable de faire une chose précise dans un certain lieu alors qu’un autre lieu apportera d’autres règles. Si c’est une exposition dans un musée ou un lieu public, cela a une influence sur l’expression de l’œuvre. Mais cela dit, le lieu est seulement la scène sur laquelle je présente mon travail. Je réalise toujours ce que je pense ou ressens être important pour moi à faire dans le moment.

Vos installations et la grande majorité de vos photographies mettent en scène des personnages. En quelques mots, quels sont les rapports que vous entretenez avec eux ? Je pense notamment aux personnages des séries photographiques Art Freaks, Camelops Femina.

La plupart, ‘Art Freaks’ ou ‘Camelops’ sont mes amis que je croise quand ils ne sont pas maquillés ou costumés. Nous nous entendons bien. J’aime utiliser les mêmes personnes sur une certaine période de temps dans mon travail.

Et dans le cas de la série Wild Girls ?

Je les ai commandées sur Internet.

Je remarque d’ailleurs que vous affectionnez plus particulièrement la photographie ?

Oui, j’ai étudié la photographie pendant huit ans. C’est mon parcours. J’aime l’image fixe, j’aime décider de la composition et du cadrage. Cela dure longtemps et il ne faut pas que ça devienne ennuyeux avec le temps. L’inspiration naît de situations simples et participatives avec des images que tout le monde peut comprendre et interpréter dans une première lecture.

Est-ce une manière de dire que votre art peut être compris et interprété de manière simple en le rendant accessible à tous ?

Peut-être que je suis très simple moi-même ! Je n’aime pas quand les artistes ou d’autres personnes dans le monde de l’art sont coincés ou hermétiques. Intelligent ne doit pas forcément dire compliqué et inaccessible. Ceci est une vieille légende intellectuelle.

D’ailleurs vous n’hésitez pas à participer à des projets qui peuvent paraître un peu éloignés de la scène artistique conventionnelle. Je pense à votre performance avec les 18 collaborateurs de l’entreprise Pernod Ricard, dans un espace privé du centre Georges Pompidou à Paris. Je suis curieux de savoir comment vous avez vécu cette expérience et comment est né ce projet ?

Ils m’ont demandé et je me suis dit… Pourquoi pas, un défi. Je n’avais jamais fait une chose pareille auparavant. J’avais l’idée de donner un outil à chaque employé et une couleur et de leur demander de peindre tout ce qu’ils voulaient sur une toile géante. À la fin, on pouvait discerner ce qu’avait fait la personne qui avait la couleur rouge et l’outil étrange. Encore une fois, c’était une idée très simple mais je pense que finalement ça a été un projet très réussi pour l’entreprise et pour moi, même si je précise que c’était pour un bilan annuel et non pas pour une exposition personnelle au MoMA.

Quelle a été votre meilleure expérience artistique participative ? Et la pire ?

Uhhh, j’ai eu tellement d’expériences artistiques… La plupart bonnes et c’est pour cela que je continue à faire ce que je fais. Ce que je n’aime pas c’est quand les gens disent une chose au début d’une relation professionnelle et autre chose à la fin. Cela rend les choses très compliquées. J’aime que tout se passe paisiblement.

Si vous deviez donner votre propre définition du mot Art. Que serait-elle ?

Je me fous de ce qu’est l’art ou de ce qu’il sera. La seule chose qui m’intéresse est de faire quelque chose qui me rendra heureux quand je serai vieux et que je réfléchirai à ce qu’aura été ma vie. J’espère que toutes les choses drôles que j’aurais faites me feront encore rire.

Quels sont vos projets à venir ?

Miami, Art Basel, trois nouvelles sculptures en métal et une performance avec une bombe fumigène. Puis au printemps 2014, j’irai à Moscou pour une exposition collective avec John Miller et Tony Matelli à la galerie Gary Tatintsian pour laquelle j’ai créé huit nouvelles sculptures en marbre.
Une grande sculpture publique à l’entrée de Central Park grâce à un fonds d’art public et également une exposition personnelle dans ma galerie, ici à New York avec pour sujet des photos du métro.

Olaf, nous vous remercions infiniment d’avoir bien voulu nous accorder cet entretien et nous vous souhaitons beaucoup de succès dans vos projets.

 

Pour en savoir plus sur l’actualité de l’artiste : http://olafbreuning.tumblr.com

 

Interview : Christophe Menager

Photographies : Courtesy Olaf Breuning