GAO BROTHERS
Observateurs attentifs des transformations qui bouleversent leur pays et en dépit des censures et des intimidations permanentes qu’ils subissent de la part des autorités, les frères Gao mettent en évidence et décrivent les problèmes existentiels rencontrés au quotidien par la population.
Mis à l’écart et à contre-courant des valeurs du régime en place, ils se réapproprient, en les détournant dans un total esprit d’indépendance, des symboles culturels forts. Ainsi, dans la célèbre série de sculptures des « Miss Mao » une icône monumentale en résine rouge de Mao Zedong, est transformée en « Minnie Pinocchio ». Dans une autre installation plus récente le Christ est fusillé par un peloton de Mao.
Ainsi, échappant à tout jugement et à travers des thématiques récurrentes telles que la série « The Forever Unfinished Building », dans laquelle des groupes d’hommes et de femmes nus ou vêtus jouent des scénarios divers, sur la plate-forme d’un immeuble en construction ou dans la série « The Utopia of 20 Minutes Embrace », créée en réaction aux conséquences désastreuses du développement économique sur la condition humaine, les frères Gao décrivent une population isolée et laissée pour compte, subissant et accusant la perte de ses repères spirituels et affectifs.
Très admiratifs devant cet engagement sans faille, nous leurs avons demandé de bien vouloir se prêter au jeu d’une courte interview à laquelle ils ont accepté de nous répondre, depuis leur atelier du quartier 798 à Dashanzhi.
Pourriez-vous nous décrire en quelques mots votre travail et le type de technique utilisée ?
Nous utilisons un grand nombre de medium comme la peinture, la sculpture, des installations, la photographie ou des performances mettant en scène des hommes et des femmes dans différents espaces. Nos travaux s’appuient principalement sur des thématiques universelles telles que l’amour et la communication entre les hommes mais aussi sur des thématiques plus spécifiques en rapport avec la société chinoise.
Est-ce qu’il y a un message principal dans vos travaux ?
Oui. C’est une réflexion sur la liberté, la vérité et l’amour.
En quelques mots, quelle est votre vision sur la Chine d’aujourd’hui ?
Et bien nous pensons que la Chine d’aujourd’hui est comparable à une construction complexe et inachevée, absurde. C’est un théâtre dont l’espace est impraticable. La Chine est un vaste chantier où personne ne sait quand toutes ces constructions seront achevées et personne ne peut vous dire à quoi tout cela ressemblera quand tout sera terminé.
Pensez-vous que l’art soit capable de changer les mentalités ?
Oui !! Nous pensons qu’il peut les changer en mieux ou en pire !
Comment les institutions et les autorités en place perçoivent-elles votre travail ?
Objectivement, ils ne l’aiment pas car c’est une critique du système en place.
En quelques mots, quelle est votre vision sur la Chine d’aujourd’hui ?
Et bien nous pensons que la Chine d’aujourd’hui est comparable à une construction complexe et inachevée, absurde. C’est un théâtre dont l’espace est impraticable. La Chine est un vaste chantier où personne ne sait quand toutes ces constructions seront achevées et personne ne peut vous dire à quoi tout cela ressemblera quand tout sera terminé.
Pensez-vous que l’art soit capable de changer les mentalités ?
Oui !! Nous pensons qu’il peut les changer en mieux ou en pire !
Comment les institutions et les autorités en place perçoivent-elles votre travail ?
Objectivement, ils ne l’aiment pas car c’est une critique du système en place.
Avez-vous déjà eu des problèmes avec eux ?
Oui !!! Ils nous ont mis sur une liste noire parce que nos signatures apparaissaient sur une lettre publique adressée par les membres d’un cercle d’intellectuels au gouvernement chinois et demandant la libération de Wei Jingsheng emprisonné pour ses opinions politiques. De plus, nous avons eu l’interdiction de nous déplacer à l’étranger pendant plus de 14 années. Ils ont coupé plusieurs fois l’électricité de notre studio du 798 à Dashanzhi et le surveillent en permanence
Malgré le caractère controversé et engagé de votre travail, avez-vous des difficultés pour exposer vos œuvres en Chine ?
(Sourire) Oui, mais tous nos travaux ne sont pas controversés ! Et si nous avions envie, il ne serait pas très difficile de trouver des lieux d’exposition publique en Chine, pour montrer des œuvres moins engagées.
Comment se reflète la thématique “Wild” dans votre travail ? Et votre vie ?
Dans notre vie et dans notre travail, Wild représente la pureté et notre indépendance.
Dans le contexte, comment imaginez-vous le futur pour les prochaines générations ?
(Silence)… C’est difficile d’imaginer le futur….
Nous vous remercions infiniment d’avoir bien voulu nous accorder cet entretien et nous vous souhaitons beaucoup de succès dans vos projets.
Pour en savoir plus sur l’actualité des Gao Brothers :
www.gaobrothers.net
Nos vifs remerciements à la galerie parisienne Albert Benamou pour sa collaboration.
La galerie Albert Benamou représente récemment tout particulièrement une nouvelle génération d’artistes tels que les performeurs Zhang Huan et Ma Liuming, ainsi que les peintres chinois Feng Zheng-Jie et Zhong Biao, les photographes, mondialement connus tels que Wang Qingsong et les Gao Brothers. Enfin des artistes russes tels que Vlad Monrœ, Blue Noses et AES+F. ainsi que l’artiste japonaise de réputation mondiale vivant en France Kimiko Yoshida. Nous vous invitons sans tarder à découvrir sa très belle programmation artistique.
Galerie Albert Benamou
24, rue de Penthièvre
75008 Paris
Tel : 01 45 63 12 21
Fax : 01 45 63 22 11
http://www.benamou.net
Interview : Christophe Menager
Photographie : Courtesy Gao Brothers Galerie Albert Benamou
EXTRAIT DEDICATE 24 – Automne-Hiver 2010/2011