L’UNDER REALISM

Interview Christophe Ménager

« Nous sommes ce qu’a été la nouvelle objectivité … Figuratifs, sans tabou, plein d’humour et virtuose, avec une pleine conscience de notre importance historique ». Stephane Pencréac’h

A l’occasion de cette nouvelle publication nous ne pouvions pas faire l’impasse sur ce phénomène générationnel porté par un groupe d’artistes survoltés et se regroupant sous la bannière de “l’Under Realism”.

Explorant principalement le champ pictural et souvent figuratif, l’Under Realism revendique une liberté d’expression totalement décomplexée ou la force de l’image nous bouscule et nous transporte dans un univers allégorique aussi trash que mou, libéré de tout tabou et sans aucun compromis.

Qualifié de « gang bang pictural » par l’artiste Stéphane Pencréac’h, l’un de ses 3 cofondateurs, l’Under Realism est un pied de nez magistral au codes politiquement corrects du champ de l’art contemporain.

Il faut donc beaucoup d’audace à ces artistes issus d’horizons variés et toutes nationalités pour ne jamais faire de concession et assumer cette liberté absolue de créer ce qui les inspirent sans se préoccuper du système ou du regard de l’autre.

Puisant sa force dans la richesse et la diversité des thématiques abordées par les artistes, parfois Pop ou apocalyptique, parfois historique ou humoristique, très souvent provocant et sans aucune limite d’expression, l’Under Realism force l’admiration et ne laisse personne indifférent.

Fort du soutien précieux de ses cofondateurs, Kosta Kulundzic, Vuk Vidor et Stephane Pencréac’h, nous avons pu recueillir quelques réflexions de ce dernier à l’occasion d’une courte interview.

 

Pourriez-vous nous décrire l’origine de ce groupe et la manière dont il s’est construit au fil des années ?

Ce groupe est un peu né de fait !

Nous nous connaissons tous, soit par nos œuvres, soit par amitié ou nos rencontres.

Les artistes s’intéressent aux artistes, et bien sûr les peintres regardent ce que font les autres peintres de leur génération.

Du coup, à force de se voir, d’exposer ensemble dans différentes expositions collectives ou de partager une même vision de l’art et de la peinture Vuk, Kosta et moi avons imaginé un nom de groupe pour matérialiser cet élan générationnel.

Très vite le groupe s’est agrandi. Certain nous ont rejoint à l’occasion d’exposition, d’autres pour intégrer le bureau (rire). Certains partant en claquant la porte aussi. Il n’y a pas de règle.

Nous sommes ce qui a été la nouvelle objectivité … Figuratifs, sans tabou, plein d’humour et virtuose, avec une pleine conscience de notre importance historique.

 

Pourriez-vous qualifier les principales caractéristiques de l’Under Realism ?

L’Under Realism est figuratif mais peut se permettre le luxe de l’abstraction

L’Under Realism n’a pas de règle,

L’Under Realism est très intelligent et cultivé

L’Under Realism est virtuose techniquement

L’Under Realism montre des tableaux

L’Under Realism est international

L’Under Realism est drôle

L’Under Realism est méchant parfois

L’Under Realism n’a pas besoin de curateur

L’Under Realism est l’avant garde

L’Under Realism aime bien Duchamp mais préfère Picasso

Ce sont les artistes qui font l’histoire de l’art, L’Under Realism le sait.

 

Comment est perçu l’Under Realism vis à vis des acteurs du marché de l’art ? Et peut-il s’inscrire durablement dans l’histoire de l’art et notamment en réaction aux courants actuels ?

Le marché de l’art est actuellement une bulle spéculative, artificielle et financière !

L’Under Realism quant à lui est en prise avec son époque et produit des œuvres qui ne sont soumises à aucune prescription, aucun pouvoir financier ou d’état.

L’Under Realism et les artistes qui le composent s’inscriront donc dans l’histoire de l’art. La somme des publics réunit par tous les parcours personnels de tous ces artistes est très large.

L’art est une force opérante, il existe sur la durée par adhérence des spectateurs et des futurs artistes, et non pas par la décision d’un petit nombre de personnes branchés.

 

Vous considérez vous comme un artiste engagé ? 

Être un artiste engagé ne veut rien dire !

Faire des œuvres qui s’inscrivent dans le présent est le plus important. L’art ne peut pas faire l’économie de son époque, de ses drames, de son histoire. A fortiori dans une période de guerre.

Je préfère une œuvre puissante qui me fait ressentir le moment terrible que nous vivons à une profession de foi « d’engagement » d’un artiste me montrant du fil barbelé pour symboliser le conflit israélo-palestinien.

La revendication d’un engagement conduit à la morale, et il n y a pas de moral en art, il n y a que des œuvres, fortes ou non.

Que vous inspire la thématique « Audacieux »  et comment se traduit-elle dans vos œuvres ?

Disons que cela se traduirait par le fait de n’avoir peur de rien…Il n’y à rien à perdre.

Faire une œuvre parce qu’on la désir, qui ne répond à rien d’autre qu’à sa féroce volonté d’exister. Poursuivre son désir, c’est ça !

 

Des compositions picturales trash, libres et décomplexées ayant pour but de bousculer le visiteur. J’imagine que cette liberté d’expression est sans limite. Jusqu’ou selon vous, l’artiste peut-il aller pour exprimer ses idées et questionner le visiteur ?

Il n’y a pas de limite à la liberté d’expression sinon celle que vous créez pour vous-même car vous êtes un être intelligent…

L’art et l’émotion sont liés et la peinture est d’une grande puissance cathartique. Les seules limites visuelles sont celles du spectre !

 

Quelles sont vos relations au quotidien avec les autres artistes et comment se traduisent-elles ?

Une des choses les plus importantes dans la création de ce groupe ouvert est justement la constante connexion, l’interaction et la rencontre de tous ces artistes. Une scène en quelque sorte !

Une somme d’individualités. Tout ce monde se parle, partage, s’engueule, fait circuler des idées, des découvertes, des œuvres, introduit de nouveaux artistes. Certains arrivent alors que d’autres partent.

Les expositions s’enchainent au grès des opportunités, c’est une pierre qui roule et qui grossie avec une inertie naturelle que rien n’arrête car elle est simplement la manifestation d’une réalité : la peinture est là, plus forte et plus intéressante que jamais.

Comme le dit Georg Baselitz, « en fait c’est votre problème, pas le mien ».

 

Avez-vous des projets communs ou personnels qui vous tiennent à cœur ?

J’ai beaucoup de projets, entre autre une exposition commune avec Marc Desgrandchamps au musée de Rennes à la fin de l’année.

En septembre l’Under Realism se produira à Belgrade pour un « speed painting » dans le cadre de la Biennale…

Merci beaucoup Stephane Pencreach, de nous avoir accordé cette interview et nous vous souhaitons ainsi qu’aux artistes de l’Under Realism, plein de succès dans vos projets et un bel avenir.

Nous ne manquerons pas de suivre vos actualités !